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L'Olivier
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26 avril 2009

Hommage

Le 17 Avril dernier, l'armée d'occupation israélienne assassinait lâchement un militant qui participait à la manifestation non-violente organisée, comme chaque semaine, contre le mur dans le village de Bil'in.

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Il s’appelait Bassem, ce qui signifie sourire, et c’est la façon dont il saluait tout le monde. Mais nous l’appelions tous « Phil », éléphant, parce qu’il avait le corps de la taille d’un éléphant. Mais Bassem avait un cœur d’enfant.

 

photo Bassem


Il aimait tout le monde et, à cause de sa douceur et de son aptitude à nous faire rire, tout le monde l’aimait. Bassem était l’ami de tous. Les enfants racontent comment il jouait avec eux : il leur faisait peur pour finalement les faire rire. Il prenait soin du jardin de la cour de récréation, apportait des jouets et des livres au jardin d’enfants. Les vieilles femmes du village racontent qu’il avait pour habitude de leur rendre visite, pour prendre de leurs nouvelles et voir si elles avaient besoin de quelque chose. Dans le village, il semblait être partout à la fois. Il passait dire bonjour, prenait une bouffée de narguilé, puis partait pour sa prochaine « étape ». Le matin où il a été tué, il est allé chez Hamis dont le crâne a été fracturé lors d’une manifestation trois mois plus tôt par une grenade lacrymogène, la même arme qui allait tuer Bassem.

Bassem a réveillé Hamis et lui a donné ses médicaments, puis il est allé rendre visite à un autre ami du village qui souffrait d’un cancer. Il a alors rencontré une petite fille qui voulait un ananas, mais il n’en a pas trouvé à l’épicerie du village. Il est donc parti à Ramallah chercher un ananas ; il est revenu avant midi pour la prière du vendredi et la manifestation hebdomadaire contre le vol de nos terres par le mur d’apartheid. Phil ne manquait jamais une manifestation, il a participé à toutes les activités et actions créatives à Bil’in. Il parlait toujours aux soldats comme à des êtres humains. Avant d’être frappé par la grenade, il demandait aux soldats d’arrêter de tirer, car il y avait des chèvres près du mur et il s’inquiétait pour elles. Puis une femme devant lui a été touchée. Il a hurlé au commandant d’arrêter de tirer, car une personne était blessée. Il s’attendait à ce que les soldats comprennent et arrêtent de tirer. Au contraire, ils lui ont aussi tiré dessus.

Des gens de tous les villages environnants sont venus à l’enterrement de Bassem parce qu’ils l’aimaient autant qu’il les avait aimés. Mais nous, de Bil’in, nous le cherchions des yeux en nous attendant à ce qu’il marche avec nous.

Phil, tu étais l’ami de tous. Nous avons toujours su que nous t’aimions tous, mais avant de te perdre nous n’avions pas réalisé à quel point tu nous manquerais. Comme Bil’in est devenu le symbole de la résistance populaire de la Palestine, tu es le symbole de Bil’in. Très cher Phil, repose en paix, nous marcherons sur tes traces.

Mohammed Khatib, membre du comité populaire de Bil’in contre le mur et les colonies

(Source: site du comité de Bil'in)

Il ne faut pas s'étonner si l'on n'en a pas entendu parler en France: la presse reste silencieuse, soit par lâcheté, soit par sionisme évident. Ça me fait vomir...

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Commentaires
M
Ce n'est vraiment pas evident en France d'aller contre le sens du courant du sionisme ambiant des grands médias et même jusqu'au plus hautes spheres de l'Etat. Ce genre d'espace prend alors tout son sens et toute son importance. Merci !
P
Quel magnifique récit, cet homme devait être bon comme le pain.<br /> Quel gachis, tout ça...
L'Olivier
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