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L'Olivier

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21 juillet 2009

"Ô Jérusalem", un film obsolète

A l'occasion de la diffusion du film Ô Jérusalem, ce soir, par France 2, je vous propose cet article à propos de la soi-disant "impartialité" et surtout la "véracité historique" du film...

Voilà encore un film auquel il est difficile d’échapper, tant il bénéficie, pour son lancement, d’une intense campagne de promotion publicitaire et médiatique. Ô Jérusalem raconte un volet de la première guerre israélo-arabe de 1947-1948. « Le parti pris du film, explique son réalisateur, Elie Chouraqui, sur son site officiel, c’est l’impartialité. (…) Mais comment être impartial ? En restant fidèles à la réalité des faits historiques (1). »

Le scénario s’appuie essentiellement sur le livre éponyme de Dominique Lapierre et Larry Collins (2), paru en 1972. Or, entre-temps, ceux qu’on appelle les « nouveaux historiens » ont trouvé dans les archives israéliennes ouvertes à partir de 1978, de quoi réécrire largement cette histoire, rejoignant d’ailleurs pour une part les recherches antérieures d’historiens arabes. Sans doute l’erreur fondamentale du réalisateur est-elle d’avoir visiblement négligé l’apport, considérable, de 1987 à nos jours, de cette école : Benny Morris, Simha Flapan, Avi Shlaïm, Ilan Pappé, Tom Segev et d’autres (3)…

A la lumière des travaux des « nouveaux historiens », le film Ô Jérusalem donne une vision déformée des faits, en particulier sur cinq points :

- Le récit de la guerre donne à croire que les rapports de force, à l’époque, étaient largement favorables aux Arabes et défavorables aux Juifs : c’est la vieille thèse du petit David face au géant Goliath. Le réalisateur évoque d’ailleurs, sur son site, « une poignée de Juifs » se battant contre « cinq nations arabes ». Or les historiens s’accordent sur la supériorité des forces juives (en effectifs, en armement, en motivation et plus encore sur le plan stratégique) ;

- De ce dernier point de vue, l’événement-clé est la rencontre, le 17 novembre 1947, entre Golda Meir et le roi Abdallah. Le film y fait allusion, mais sans indiquer son résultat : un accord tacite aux termes duquel la Légion transjordanienne, seule armée arabe digne de ce nom, s’engageait à ne pas entreprendre d’offensive sur le territoire accordé par l’Organisation des Nations unies (ONU) au futur Etat juif, en échange de la possibilité pour la Transjordanie d’annexer ce qui resterait de l’Etat arabe prévu. Seule Jérusalem, vouée à un statut international, échappait à cet arrangement – d’où la bataille pour sa conquête. Cet accord israélo-jordanien s’est finalement substitué au plan de partage adopté par l’ONU douze jours plus tard, le 29 novembre 1947 ;

- Ô Jérusalem se conclut par un bref texte indiquant, entre autres contresens, que 700 000 Palestiniens ont quitté leurs foyers à l’appel des dirigeants arabes. C’est ignorer l’apport principal de Benny Morris, qui a démonté cette version relevant de la propagande. Les archives, prouve-t-il, ne recèlent aucune forme d’appel national, palestinien ou arabe, à la fuite ; de même l’enregistrement intégral par la BBC des programmes des radios arabes. Et si, dans les semaines suivant le plan de partage, 70 000 à 80 000 riches Palestiniens s’en vont volontairement, ensuite il s’agit bien d’expulsions. Un document des Services de renseignement de la Hagana, daté du 30 juin 1948, estime à 391 000 le nombre de départs et en attribue 73 % à l’action des forces israéliennes. A partir de la reprise des combats, le 12 juillet, la volonté d’expulsion ne fait plus le moindre doute : elle va, d’ici à la fin de l’année, vider le territoire conquis par Israël de quatre cinquièmes de ses habitants palestiniens (4) ;

- Benny Morris analyse même, dans ses livres, ce qu’il appelle le « facteur atrocité ». Ô Jérusalem a le mérite de consacrer une scène au massacre commis à Deir Yassine par l’Irgoun et le groupe Stern, qui se serviront d’ailleurs de leur crime pour répandre une peur propice à l’exode. Mais la prise de Deir Yassine, comme celle de Castel et d’autres villages dominant la route de Jérusalem, s’inscrivait bien dans une offensive généralisée, dite « plan Dalet », destinée, à partir de la fin mars 1948, à élargir le territoire d’Israël et à en « homogénéiser » la population. Au prix de bien d’autres massacres….

Laissons à d’autres, plus compétents en matière de critique cinématographiquee, le soin de juger les qualités et les défauts cinématographiques. Sur le plan historique, en tout cas, Ô Jérusalem est obsolète.

Dominique Vidal

(1Site officiel du film.

(2) Dominique Lapierre et Larry Collins, Ô Jérusalem, Pockett, Paris, 2006.

(3) Cf. Le Péché originel d’Israël. L’expulsion des Palestiniens revisitée par les « nouveaux historiens » israéliens, L’Atelier, Paris, 2002.

(4) Benny Morris, The Birth of the Palestinien Refugee Problem revisited, Cambridge University Press, 2003.

Source: Le Monde Diplomatique

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10 juillet 2009

Ces causes qui me tiennent à coeur

J'ai choisi de porter une attention particulière à la Palestine. Mais ça ne veut pas dire que je me consacre exclusivement à la cause palestinienne. Voici d'autres combats qui ont tout mon soutient...

Comité Tchétchénie

France Tibet

Greenpeace

Reporters Sans Frontières

Education Sans Frontières

Ligue des Droits de l'Homme

Amnestie International

Paiens contre la haine

4 juillet 2009

Aggression ultra-sioniste contre une librairie de Paris

A Paris, un commando de la LDJ saccage la Librairie Résistance.

Un commando d’une demi-douzaine d’individus, la plupart masqués, déclarant ouvertement appartenir à la Ligue de Défense Juive (LDJ) ont attaqué vendredi 3 juillet en début d’après-midi la Librairie Résistances (4 Villa Compoint, 75017 – Paris).

Deux femmes travaillant à la librairie étaient présentes, ainsi que deux ou trois clients. Après les avoir bousculés, les nervis se sont attaqués avec frénésie à l’établissement, arrosant d’huile plusieurs milliers et détruisant les ordinateurs, avant de prendre la fuite à bord d’une automobile.

L’attaque de vendredi est intervenue au lendemain d’une conférence, donnée à la librairie par Mahmoud Suleiman, du village palestinien d’Al-Masara, sur le thème des actions de résistance non violente à l’occupation israélienne.

La librairie Résistances, qui propose, notamment, de nombreux livres sur la Palestine et sur Israël, a été attaquée et menacée à de nombreuses reprises par les fascistes sionistes. Mais alors que les agissements de cette bande sont archi-connus de la police, le pouvoir politique a jusqu’à présent systématiquement manifesté sa sollicitude à leur égard.

(Communiqué de la librairie Résistance)

26 juin 2009

Je résisterai sans peur. Oui, sans peur, je résisterai...

Pour la terre de mon pays, je résisterai. Que l’on me vole tout ce que j’ai, je résisterai. Que l’on tue mes enfants, je résisterai. Que l’on fasse sauter ma maison, O ma maison aimée ! A l’ombre de tes murs, je résisterai.

Je résisterai sans peur…

De toute la force de mon courage, je résisterai. Avec mon baton, avec mon couteau, je résisterai. Le drapeau en main, je résisterai. Que l’on me coupe la main, je résisterai. Et que l’on souille le drapeau, De l’autre main, je résisterai.

Je résisterai sans peur…

Pied à pied, dans mon champ, dans mon jardin, je résisterai. Par la foi et la volonté, je résisterai. Avec les ongles et avec les dents, je résisterai.

Et lorsque même mon corps, Ne sera plus qu’une plaie, Avec le sang de mes blessures, je résisterai.

Je résisterai sans peur.
Anonyme palestinien

arton305

26 juin 2009

Comment Israël confisque Jérusalem-Est

De Tel-Aviv, la route principale file à peu près droit, puis, passé l’aéroport Ben-Gourion, elle commence à onduler en grimpant vers Jérusalem, entre des collines dont la conquête par les forces juives, en 1948, fit couler tant de sang. A 700 mètres d’altitude, elle pénètre dans la ville sainte par l’ouest. Les Israéliens comme les étrangers n’ont en fait que l’embarras du choix : ils peuvent atteindre le centre-ville par bien d’autres routes, au nord comme au sud.

Pour les Palestiniens de Cisjordanie, gagner la ville trois fois sainte est une autre histoire. S’ils ont franchi les checkpoints intérieurs, ils buteront sur le plus brutal des obstacles jamais inventés pour contrôler et limiter les déplacements dans les territoires occupés : un mur d’une dizaine de mètres de hauteur, qui enveloppera bientôt entièrement la partie orientale de la cité, effaçant le paysage et interdisant les accès traditionnels. Il coupe même net les deux grands axes historiques – Jérusalem-Amman (route 417) et Jénine-Hébron (route 60). Le monstrueux serpent ne s’interrompt plus – pour les Cisjordaniens – qu’en quatre points : Qalandiya au nord, Shuafat au nord-est, Ras Abou Sbeitan à l’est et Gilo au sud. Encore devront-ils, pour y parvenir, se livrer à maints détours, laisser leur voiture et traverser à pied, les véhicules palestiniens (à plaques vertes) étant strictement interdits à Jérusalem...

Longtemps chargé par le ministère israélien de la défense de concevoir, tracer et construire la « barrière de sécurité » (selon la terminologie officielle), le colonel Danny Tirza, colon de Kfar Adoumim, est surnommé « seconde Nakba » par les Palestiniens. Au terme de son projet grandiose, il promet à Jérusalem 11 checkpoints semblables à des « terminaux d’aéroport ». Ce n’est pas l’impression que laisse un passage, même bref, par celui de Gilo. Partout les panneaux sermonnent : « Entrez un par un », « Attendez patiemment votre tour », « Laissez cet endroit propre », « Retirez votre manteau », « Obéissez aux instructions ». Quant aux couloirs grillagés en haut comme sur les côtés, ils ressemblent aux tunnels conduisant les fauves jusqu’à la piste du cirque...

Mais ici, pas de Monsieur Loyal : une fois franchi le portillon, dont une petite lumière indique s’il est ou non ouvert, une voix métallique exige qu’on soumette ses bagages au détecteur. Derrière des vitres blindées et teintées, on devine quelqu’un. Enfin une présence : un soldat débraillé, les pieds sur la table et le pistolet-mitrailleur Uzi en bandoulière, contrôle les papiers, chuchotant ou aboyant – au faciès. A la sortie, d’autres pancartes souhaitent aux « usagers », en trois langues, la « bienvenue à Jérusalem » (pourtant à 4 kilomètres). « Et que la paix soit avec vous »...

Le plan de partage onusien de 1947 avait doté la ville d’un « régime international particulier », qui demeure, en 2007, son seul statut mondialement reconnu. Mais la guerre de 1948 déboucha sur sa division entre la Jordanie et Israël, lequel installa sa capitale dans la partie occidentale avant de s’emparer, en 1967, de la partie orientale et de l’annexer. En 1980, une loi fondamentale proclama « Jérusalem entière et réunifiée capitale éternelle d’Israël ». A défaut d’éternité, la politique de tous les gouvernements israéliens, depuis, a consisté à préserver l’hégémonie juive sur la ville et à empêcher sa division ainsi que, ce faisant, la naissance d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

« La clé, précise M. Khalil Toufakji, directeur du département de cartographie de la Société des études arabes, conseiller de la délégation palestinienne jusqu’aux négociations de Camp David, c’est la démographie. Imposer une large majorité juive a toujours été la priorité absolue des Israéliens. Mais les Palestiniens, de 20 % de la population en 1967, sont devenus 35 % et pourraient être majoritaires en 2030. » Cette poussée résulte du différentiel de natalité, mais aussi du départ de Juifs chassés par le chômage, la crise du logement et... le climat intolérant créé par les religieux ultraorthodoxes.

Au point qu’un tabou de soixante ans vient de tomber : le schéma directeur pour 2020 réaffirme certes le ratio politique 70 %-30 %, mais en « envisage » un autre, pragmatique, de 60 %-40 %. « Comme s’il y avait un bon pourcentage ! », s’exclame Meron Benvenisti, sans doute le meilleur spécialiste de Jérusalem, pour qui c’est « du racisme pur et simple. Nous vivons dans la seule ville au monde où un pourcentage ethnique tient lieu de philosophie ». Moins bouillant, M. Menahem Klein – lui aussi ex-conseiller à Camp David, mais côté israélien – ajoute : « Les pragmatiques constatent, les politiques se battent : nous assistons au plus grand effort israélien depuis 1967 pour annexer Jérusalem. »

Historiquement, le premier instrument de cet effort fut l’extension illégale des frontières municipales. Résumé d’Amos Gil, directeur de l’association Ir Amim (La Ville des peuples) : « La vieille ville ne fait que 1 km2 ; avec les quartiers arabes l’entourant, elle atteignait du temps de la Jordanie 6 km2. Israël a annexé, en 1967, 64 km2 de terres cisjordaniennesdont 28 villagespour atteindre 70 km2. Lorsque le mur sera terminé, il ceindra à l’Est quelque 164 km2. En revanche, à Jérusalem-Ouest, le plan d’extension, dit Safdie, a provoqué une levée de boucliers écologiques. »

« Il y a une couleur qui n’existe qu’ici : le vert politique. » Meir Margalit, coordinateur du Comité israélien contre les destructions de maisons (Icahd), rappelle que, lorsque le chef du parti de gauche Meretz, Ornan Yekutieli, s’indigna de la construction de la colonie de Har Homa à la place d’une magnifique forêt palestinienne, le maire de l’époque, Teddy Kollek, récemment décédé, rétorqua : « Ce n’est vert que pour les Arabes. » Apartheid écologique : ces zones « plutôt jaune poussière et remplies de détritus », se moque l’architecte Ayala Ronel, interdisent aux Arabes de construire, mais permettent aux Juifs de coloniser...

La colonisation constitue le deuxième instrument de la stratégie israélienne. Architecte et dirigeant de l’association Bimkom, qui se bat pour le droit de tous à planifier la ville, Shmuel Groag récapitule : « Le premier anneau se composait de 7 grandes colonies : Gilo, Armon Hanatziv - Talpiot-Est, French Hill, Ramat Eshkol, Ramot, Ramot Shlomo, Neve Yaacov. Le second en comprenait 2, Pisgat Zeev et Maale Adoumim. Le troisième en a rajouté 9 : Givon, Adam, Kochav Yaacov, Kfar Adoumim, Keidar, Efrat, Betar Illit, Har Homa et les colonies du Goush [bloc] Etzion. Au total, elles regroupent la moitié des 500 000 colons que compte la Cisjordanie. »

Fondateur du Centre d’information alternatif et figure majeure du mouvement pacifiste, Michel Warschawski organise volontiers des « tours » militants, afin de montrer concrètement « le principe qui guide la colonisation : créer une continuité territoriale juive qui brise la continuité territoriale arabe ». Et de brandir une feuille tombant en lambeaux à force d’avoir été manipulée. C’est une citation de l’ancien maire de la colonie de Karnei Shomron, qui entend « garantir que la population juive de Yesha ne vive pas derrière des barbelés, mais dans une continuité de présence juive. Si l’on prend par exemple la région qui se trouve entre Jérusalem et Ofra, et qu’on y ajoute une zone industrielle à l’entrée de la colonie d’Adam et une station d’essence à l’entrée de Psagot, alors nous avons un axe de continuité israélien ».

Le troisième instrument, c’est la maîtrise totale des voies de communication pour disloquer l’espace palestinien, réduire la mobilité de la population et oblitérer les chances de développement. Non seulement Israël s’est emparé des grands axes existants qu’il a rénovés et élargis, mais il en a construit de nouveaux afin que les colons puissent arriver à Jérusalem le plus rapidement possible – c’est aussi un des objectifs du futur tramway (voir « Un tramway français nommé schizophrénie ») (ndlr: l'article date de 2007).

Le tout forme un impressionnant réseau de routes à quatre voies, éclairées la nuit, au long desquelles les arbres ont été coupés, des maisons dites « dangereuses » détruites et des murs de protection érigés – au nom, bien sûr, de la « sécurité ». Reliant les colonies entre elles, ces « routes de contournement » sont interdites à la circulation palestinienne, rejetée sur un réseau secondaire de mauvaise qualité, peu ou pas entretenu, et verrouillé par de nombreux checkpoints, fixes ou volants.

Nous voici au barrage dit Container, au sud d’Abou Dis, qui commande – et souvent ferme – le dernier axe majeur palestinien reliant le nord au sud de la Cisjordanie. Il porte bien son nom de Wadi Nar, « vallée du feu », et, par extension, « vallée de l’enfer » : sa chaussée est par endroits si étroite que deux camions s’y croisent difficilement – à supposer qu’ils parviennent à monter et descendre ses pentes vertigineuses. En revanche, non loin, la large voie express offerte par Itzhak Rabin aux colons leur permet de foncer droit sur les colonies de Goush Etzion et d’Hébron... sans rencontrer un seul Arabe.

Cet « apartheid qui ne dirait pas son nom » – formule du chef négociateur palestinien Saëb Erekat – devient explicite avec le projet de « circulation fluide » cher au colonel Tirza : là où Juifs et Arabes doivent vraiment se croiser, ils ne se verront pas, grâce aux ponts et aux tunnels... « Pour désenclaver les villages palestiniens de Bir Nabala et Al-Jib, explique sur place l’architecte Alon Cohen-Lifschitz, de Bimkom, les Israéliens construisent, sur 2 km, à 10 m au-dessous du niveau du sol, une route encaissée et grillagée, 2 tunnels et 1 pont ! » En matière de ségrégation, il y a plus infâme : à compter du 19 janvier 2007, un ordre militaire devait interdire à tout Israélien ou Palestinien « résident » de transporter un habitant non juif de Cisjordanie... Il a suscité des protestations telles que son application a été « gelée »...

Quatrième instrument, l’infiltration de la vieille ville et du « bassin sacré ». « Pour les colons, Jérusalem est comme un oignon : le meilleur, c’est le cœur », plaisante Margalit. Récupération d’anciens biens juifs, confiscations en vertu de la loi des absents et achats via des collaborateurs se multiplient à un tel rythme que le journaliste Meron Rappoport a pu parler de « République d’Elad» – du nom de l’organisation de colons à laquelle les autorités ont très inhabituellement délégué la gestion de la « Cité de David ».

A partir de cette implantation à caractère historique, on mesure – au nombre de maisons arabes arborant des drapeaux israéliens et de « gorilles » armés déambulant dans les rues – combien la colonisation la plus triviale s’empare de Silwan, descend vers Boustan (où 88 bâtiments sont menacés de destruction), puis remonte vers Ras Al-Amoud (Maale Zeitim) et Jabal Mukaber (Nof Zion). Et les deux premières maisons de Kidmat Zion défient déjà, par-dessus le mur, le Parlement palestinien, terminé mais vide, d’Abou Dis. La carte confirme que toutes ces métastases dessinent une véritable diagonale d’épuration ethnique...

« Ne vous arrêtez pas aux chiffres, insiste M. Fouad Hallak, conseiller de l’équipe de négociation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Les 17 points de colonisation de la vieille ville et de ses alentours immédiats comptent certes à peine 2 600 habitants sur 24 000, mais ils s’inscrivent dans une stratégie tenace de “dépalestinisation”. »

La judaïsation, cinquième instrument de la stratégie israélienne, commence par des symboles. Un ami palestinien indique ces signes qui plaquent sur la Jérusalem arabe le décor de la ville juive. « Du plus spectaculairecomme ces mémoriaux aux héros des guerres d’Israël et ces bâtiments publics installés à l’Estau plus discret : pavés, lampadaires, corbeilles. Sans oublier les noms de rue. » Place de Tsahal, rue des Parachutistes, carrefour du Quartier-Général : « Ces appellations ont été données après l’annexion de Jérusalem-Est en 1967, observe le journaliste Danny Rubinstein, apparemment pour que les Arabes n’oublient pas qui a gagné. »

A Paris, des amis nous avaient prévenus : « La vieille ville est en train de se vider. » Jamais, hélas, en trente ans elle ne nous était apparue aussi triste. « Les Israéliens voudraient en coloniser l’essentiel et réduire le reste à quelques rues folkloriques, comme à Jaffa », lâche le nouvel ambassadeur palestinien à l’Unesco Elias Sanbar. Qui vient de déjouer une manœuvre à peine croyable : un tour de passe-passe israélien pour obtenir l’inscription de la vieille ville arabe sur la liste du patrimoine... de l’Etat juif !

La judaïsation passe aussi par la remise en cause du libre accès aux Lieux saints, pourtant principe commun à tous les textes internationaux depuis le traité de Berlin (1885). « Voici des années que les musulmans et les chrétiens de Cisjordanie n’ont plus accès à Al-Aqsa ou au Saint-Sépulcre, proteste le directeur du Waqf Adnan Al-Husseini. Quant aux résidents de Jérusalem, ils doivent avoir 45 ans pour venir y prier. Sans parler des humiliations infligées par les quelque 4 000 soldats déployés lors des grandes fêtes. » Et les excavations pratiquées sous l’Esplanade ? « Je n’ose envisager ce qui se passerait si les fous qui rêvent de “reconstruire le Temple” endommageaient nos mosquées. »

Non moins inquiets, les patriarches et chefs des Eglises chrétiennes à Jérusalem ont publié, le 29 septembre 2006, une déclaration réaffirmant l’exigence d’un « statut spécial » garantissant notamment « le droit humain de liberté de culte pour tous, individus et communautés religieuses ; l’égalité devant les lois de tous les habitants en conformité avec les résolutions internationales ; le libre accès à Jérusalem pour tous, citoyens, résidents ou pèlerins ». Ils insistaient pour que « les droits de propriété, de garde et de culte que les différentes Eglises ont acquis à travers l’histoire continuent à être détenus par les mêmes communautés ». Et d’en appeler à la communauté internationale pour faire respecter le « statu quo des Lieux saints »...

On a beau savoir l’incroyable violence dont tout occupant – juif, chrétien ou musulman – est capable, la destruction au bulldozer d’une maison, sous les yeux de ses habitants, est un spectacle insupportable. Que, depuis l’an 2000, la municipalité et le ministère de l’intérieur ont répété 529 fois – sans parler des amendes imposées aux propriétaires, 22,5 millions d’euros! Répression très inégale : selon Betselem, l’organisation israélienne de défense des droits humains, en 2005, les 5 653 infractions constatées à l’Ouest ont donné lieu à 26 démolitions partielles ou totales, tandis que les 1 529 enregistrées à l’Est en ont entraîné 76!

Pour Margalit, la municipalité « vit dans la hantise que la souveraineté israélienne sur Jérusalem soit en danger. Dans cette mentalité paranoïaque, chaque maison, chaque arbre et même chaque plante en pot devient partie prenante d’une conspiration politique mondiale ». Des arguments que n’invoque même pas M. Yigal Amedi : pour ce maire adjoint, les démolitions « exceptionnelles » se justifient puisqu’elles frappent des « bâtiments construits illégalement ». Curieusement, alors qu’il fait partie du Comité pour la planification et la construction, il assure ignorer que, dans bien des cas, les inspecteurs de sa municipalité procèdent aux destructions en violation d’une décision de justice. « La municipalité, plaide-t-il, s’efforce de mettre un peu d’ordre dans ce chaos. »

Riche idée ! Car l’« illégalité » de 40 % des maisons de Jérusalem-Est – 15 000 sur 40 600 – tient à ce que la mairie n’accorde qu’au compte-gouttes les permis aux Palestiniens : de 2000 à 2004, 481 sur 5 300 immeubles bâtis. Et une demande coûte cher : plus de 20 000 euros et des mois de démarches pour une bâtisse d’environ 200 m2... Mais surtout la superficie constructible s’est rétrécie comme peau de chagrin. Après 1967, Jérusalem-Ouest totalisait 54 km2 et Jérusalem-Est 70 km2, dont 24 furent expropriés au profit des colonies. Sur les 46 restants, 21 n’ont pas fait l’objet d’un plan d’urbanisation. Parmi les 25 planifiés, 16 sont réservés aux espaces verts, bâtiments publics, routes, etc. Les 9 km2 constructibles pour les Palestiniens représentent donc... 7,25 % de la superficie totale de la ville !

Architecte et militante de Bimkom, Efrat Cohen-Bar brandit l’énorme volume du nouveau « master plan ». « Malgré quelques progrès, l’inégalité de traitement demeure. D’ici à 2020, nos planificateurs accordent 3 nouveaux kilomètres carrés constructibles aux 158 000 Palestiniens supplémentaires et 9,5 km2 aux 110 000 Juifs supplémentaires. » La géographe Irène Salenson évoque de plus une « limitation horizontale et verticale du développement urbain palestinien » : l’Est pourra bâtir en moyenne jusqu’à 4 étages (au lieu de 2 actuellement), mais l’Ouest 6 à 8!

Cette inégalité n’est qu’une des facettes d’une politique globale de discrimination qui constitue le sixième et dernier instrument de l’hégémonie d’Israël. Ne sont citoyens que les Juifs (et 2,3 % des Palestiniens). Titulaires d’une carte d’identité verte, les Palestiniens de Cisjordanie n’ont aucun droit, même plus celui de venir en ville, sauf autorisation de plus en plus rarement accordée. Les « résidents permanents », avec leur carte d’identité bleue, bénéficient, eux, de prestations sociales et du droit de vote aux élections locales, qui ne se transmettent automatiquement ni au conjoint ni aux enfants.

Le fameux rapport européen dont la censure par le Conseil des ministres des Vingt-Cinq fit scandale fin 2005 révèle une autre dérive : « Entre 1996 et 1999, Israël a mis en place une procédure intitulée “centre de vie”, en vertu de laquelle ceux qui détiennent une carte d’identité bleue et dont le domicile ou le travail se trouve en dehors de Jérusalem-Est, à Ramallah par exemple, perdent cette carte d’identité. Une vague de détenteurs de ces cartes s’est pour cette raison repliée sur Jérusalem-Est. »

Discriminatoire, le budget de la ville ne l’est pas moins : Jérusalem-Est, avec 33 % de la population, ne s’en voit allouer que 8,48 %. Chaque Juif obtient en moyenne 1 190 euros, et chaque Arabe 260. Rien d’étonnant si, précise Betselem, 67 % des familles palestiniennes vivent sous le seuil de pauvreté, contre 29 % des familles israéliennes. Issu lui-même d’un quartier pauvre, M. Amedi ne nie pas les « retards dont souffrent, en matière d’infrastructures et de services, les quartiers arabes et ultraorthodoxes ». Il assure toutefois que la ville, lorsque son maire s’appelait Ehoud Olmert, a « plus investi que jamais pour combler ces fossés », et égrène les projets en cours. « Des gouttes d’eau dans l’océan, reconnaît-il. Mais il faut bien commencer quelque part. »

Force est de constater que, pour l’heure, tout commence et finit par la construction du mur, qui mobilise les plus gros moyens : 800 000 euros du kilomètre – et il y en aura 180, dont 5 seulement sur la Ligne verte. C’est dire que l’argument de la sécurité ne tient guère. Les attentats kamikazes – 171 victimes en six ans – ont traumatisé la ville. Mais ici, le mur, sur l’essentiel de son tracé, ne sépare pas Israéliens et Palestiniens : il coupe les Palestiniens de leurs écoles, de leurs champs, de leurs oliveraies, de leurs hôpitaux et de leurs cimetières...

« Le mur est un outil que le gouvernement utilise pour contrôler Jérusalem et non pour assurer la sécurité des Israéliens », tranche Menahem Klein. De fait, il représente la quintessence de tous les outils de domination évoqués jusqu’ici. Il multiplie la surface de Jérusalem-Est par 2,3 en dessinant une sorte de trèfle qui inclut les nouvelles colonies avec leurs zones de développement : au nord, Beit Horon, Givat Zeev, Givon Hadasha et le futur « parc métropolitain » de Nabi Samuel ; au sud, Har Gilo, Betar Illit ainsi que l’ensemble du Gouch Etzion ; à l’est, enfin, Maale Adoumim.

On prend mieux conscience depuis le belvédère de l’hôpital Augusta-Victoria de la menace mortelle que le chantier en cours à l’est représente pour le futur Etat palestinien. La colonie elle-même occupe 7 km2. Mais le plan municipal du « bloc de Maale Adoumim » couvre une superficie totale, encore largement déserte, de 55 km2 (plus que Tel-Aviv, 51 km2). La poche s’étend presque jusqu’à la mer Morte et coupe donc en deux la Cisjordanie. Au nord, la fameuse zone E1 représente avec ses 12 km2 (12 fois la vieille ville !) le dernier espace de croissance possible pour Jérusalem-Est. Or même l’opposition – formelle – de Washington n’a pas empêché la construction du nouveau quartier général de la police pour la Cisjordanie, en attendant logements, centres commerciaux, hôtels, etc. Quant aux Bédouins Jahalin, voici leurs pauvres baraquements sur la colline où ils ont été « transférés » et qui domine... la décharge.

Le plus possible de terres palestiniennes avec le moins possible de Palestiniens : ce vieux principe a dirigé le tracé du mur qui, s’il inclut des colonies juives, exclut aussi des quartiers arabes. Ainsi rejette-t-il en Cisjordanie, du nord au sud, la localité de Qafr Aqab, à côté du camp de réfugiés de Qalandiya, la moitié de Beit Hanina, le gros d’Al-Ram, Dahiyat Al-Bared, Hizma, le camp de Shuafat, Dahiyat Al-Salam, Anata, Ram Khamzi et, tout au sud, Walaja. Une première : 60 000 des 240 000 Palestiniens de Jérusalem en ont été expulsés... sans avoir bougé ! Avec des pertes en chaîne.

Perte de temps : « Avant, j’allais à la fac à pied en dix minutes, témoigne Mohammed, un étudiant de Ramallah inscrit en médecine à l’université Al-Qods. Depuis, il me faut quatre-vingt-dix minutes en voiture. » Perte de revenus : si les commerçants du « mauvais » côté d’Al-Ram déplorent une baisse de 30 % à 50 % de leur chiffre d’affaires, ce dentiste a dû fermer purement et simplement son cabinet, tandis que le propriétaire de cet immeuble avec vue imprenable sur le mur n’a plus un seul locataire. Perte de personnel : entre un tiers et la moitié des médecins et des infirmières, mais aussi des enseignants ne peuvent plus venir travailler à Jérusalem. Perte annoncée de la « résidence » : quiconque ne justifiera plus d’un logement et d’un travail à Jérusalem, lors du renouvellement de sa carte d’identité bleue, en sera privé. Perte, enfin et surtout, pour Jérusalem-Est de son rôle de métropole palestinienne.

« Chacun sait que les prochaines négociations partiront des “paramètres de Clinton”, et notamment la partition de la ville pour faire place à deux capitales, résume Menahem Klein. Voilà ce que le mur cherche à éviter, en cassant Al-Qods comme centre métropolitain, en la déconnectant de son hinterland économique, social et culturel palestinien. Mais, si nos dirigeants espèrent profiter de la faiblesse des Palestiniens, ils font un calcul à courte vue : la jeune génération redressera la tête. Que restera-t-il alors de l’ambition de Sharon et d’Olmert de “relibérer Jérusalem” ? »

D’autres interlocuteurs relient l’escalade israélienne et l’état du processus de paix. Ainsi l’ambassadeur Sanbar, selon qui les choses se sont accélérées « à partir du moment où Jérusalem a été officiellement inscrite à l’ordre du jour de la négociation. Afin qu’à force de faits accomplis il ne reste rien à négocier ». Pour M. Wassim H. Khazmo, conseiller de l’équipe de négociation palestinienne, « Sharon a profité de la faiblesse de la communauté internationale pour prendre ce que M. George W. Bush lui avait promis dans sa lettre du 14 avril 2004les blocs de colonies. »

Quelle ne sera pas, d’ailleurs, notre surprise, en entendant M. Toufakji renoncer à revendiquer ces « blocs », au nom du réalisme. « Même Maale Adoumim ? » « Oui. » « Même la zone E1 ? » « Oui. » Comme en réponse à cet abandon, M. Hasib Nashashibi, de la Coalition pour Jérusalem, évoquera la « crise de leadership » dans l’OLP : « Les Israéliens exploitent évidemment nos divisions et nos erreurs. » Et Amos Gil de pointer « l’argument majeur que les attentats kamikazes ont donné pour justifier le mur ».

En les découvrant, on pense à Kafka ou à Ubu roi : ce sont les Palestiniens des enclaves de Biddu (35 500 personnes), Bir Nabala (20 000) et Walaja (2 000) pris au piège du mur ou de la barrière, qui les encercle entièrement. Et la famille Gharib est assurément la victime expiatoire. Un à un, les colons de Givon Hadasha ont construit, sur des terres privées palestiniennes, des maisons autour de la sienne, qu’ils ont transformée en mini-enclave, reliée par un chemin à son village originel, le tout ceinturé d’un grillage bientôt électrifié et surveillé par une caméra... Sympathiques voisins : en nous voyant, l’un d’eux hurla depuis sa fenêtre : « J’ai une arme, je vais vous descendre ! » Paroles en l’air ? Ils ont déjà tué un de ses fils. Persécutés, les Gharib résistent néanmoins depuis plus de vingt ans...

Comment ne pas penser à l’envolée, la veille, de Benvenisti : « Le mur ? Mais c’est le monument du désespoir total ! Regardez Bethléem : d’un côté, l’église de la Nativité, de l’autre, le bunker construit autour du tombeau de Rachel. C’est l’arrogance de l’occupant prétendant définir et redéfinir les communautés à sa guise : comme si la “barrière” triait les “bons” Arabes, acceptés à Jérusalem, des “mauvais”, qui en sont exclus. Les inventeurs de cette horreur raisonnent avec la même logique coloniale du XIXe siècle que vous, les Français, lorsque vous vous accrochiez à l’Indochine et au Maghreb. Mais ça ne marchera pas mieux ! Le mur de Jérusalem finira comme celui de Berlin. »

Philippe Rekacewicz et Dominique Vidal pour le Monde Diplomatique

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16 juin 2009

Le discours de M. Nétanyahou, un non-événement

Si la semaine a été cruciale pour le Proche-Orient, elle s’est terminée par un non-événement, un grand discours de M. Benyamin Nétanyahou. Le premier ministre israélien prétendait qu’il allait présenter ses idées pour la paix, en réponse aux sollicitations de la communauté internationale et, aussi, au discours du président Obama au Caire. En fonction depuis le 31 mars 2009, il lui aura donc fallu 75 jours pour définir ses « idées » sur le problème crucial du Proche-Orient. Et, comme il fallait s’y attendre, ce discours est vide. Il permet simplement, une fois de plus, de repousser toute discussion sérieuse sur la paix.

D’un côté, M. Nétanyahou a, du bout des lèvres, accepté l’idée d’un Etat palestinien totalement démilitarisé, dont l’espace aérien serait contrôlé par Israël, et qui ne comprendrait pas Jérusalem qui demeurerait unifiée et capitale du seul Israël. De plus, l’Etat palestinien devrait reconnaître l’Etat d’Israël comme la nation du peuple juif, oubliant au passage le sort de 1,5 million de Palestiniens, citoyens (de seconde zone) de cet Etat. Toutes ces conditions, M. Nétanayhou les sait inacceptables, d’autant qu’il ne dit rien sur les frontières de ce futur Etat : Israël n’a pas la moindre intention de se retirer sur les frontières du 4 juin 1967 comme le lui enjoignent toutes les résolutions des Nations unies adoptées depuis plus de 40 ans.

Ici, en Afrique du Sud où je séjourne pour quelques jours, l’Etat palestinien envisagé rappelle les bantoustans « indépendants » créés par le régime de l’apartheid, avec une différence que signalent beaucoup de militants qui ont combattu le régime sud-africain dans les années 1970 : à l’époque, le gouvernement blanc tentait de développer les bantoustans, de construire des infrastructures (aéroports, bâtiments majestueux, etc.) pour donner de la crédibilité à leur indépendance ; et jamais ce gouvernement n’a fait bombarder les bantoustans par son aviation...

M. Nétanayahou a affirmé qu’Israël ne construirait pas de nouvelles colonies, mais que celles qui existent devraient pouvoir répondre à la croissance naturelle de la population. Rappelons que les gouvernements israéliens successifs ont toujours menti sur ce sujet, et pas seulement en laissant construire de nouvelles colonies, qualifiées d’illégales, mais qui demeurent. Leur croissance « naturelle » est de trois fois supérieure à celle d’Israël. On compte aujourd’hui 300 000 colons en Cisjordanie et 200 000 à Jérusalem-Est (où les projets se multiplient). Même une annonce officielle du gouvernement israélien qu’il arrêterait toute expansion des colonies ne peut être crédible un instant. Tous les observateurs sur le terrain notent qu’elles sont au coeur d’un système global de sécurité pour Israël, reliées par des routes et des infrastructures qui n’arrêtent pas de se multiplier. Seule la reconnaissance par le gouvernement israélien du caractère illégal de ces colonies et leur nécessaire évacuation pourrait donner une certaine crédibilité à des négociations de paix.

Pour Nétanyahou, les racines du conflit ne sont pas l’occupation, la politique de la colonisation, la discrimination à l’égard des Palestiniens, mais « était et reste le refus de reconnaître le droit du peuple juif à un Etat dans sa patrie historique ». Il s’adresse donc aux pays arabes, leur demandant de normaliser immédiatement leurs relations avec Israël, ce qui aurait comme seul effet d’isoler un peu plus les Palestiniens et de repousser toute paix réelle. Comme l’explique Akiva Eldar dans le quotidien HaaretzNetanyahu, Mideast peace and a return to the Axis of Evil », 15 juin) :

« Benyamin Nétanyahu a donné un discours patriarcal, colonialiste, dans la meilleure tradition néoconservatrice. Les Arabes sont les méchants ou au mieux des terroristes peu reconnaissants. Les Juifs, bien sûr, sont les gentils, des gens rationnels qui veulent élever leurs enfants et en prendre soin. En Cisjordanie, dans la colonie d’Itamar, on construit même une crèche... »

Certains dirigeants de la coalition gouvernementale ont reproché au premier ministre d’avoir cédé aux pressions américaines (« Likud members say PM gave in to US pressure », Ynet, 14 juin), ce qui permettra à M. Nétanayhou de prendre prétexte des tensions dans son gouvernement pour freiner toute avancée substantielle.

Les Palestiniens ont, bien évidemment, rejeté les propositions israéliennes et accusé Nétanyahou de saboter les efforts de paix.

Le président Obama a dit qu’elles étaient « un pas en avant », mais un pas en avant vers quoi ?

Et maintenant ? Pendant des mois les protagonistes vont discuter de la signification du gel des colonies, des caractéristiques du futur Etat palestinien – qui n’aura d’Etat que le nom –, de la haine des Arabes et des Palestiniens à l’égard d’Israël. Pendant ce temps, le nombre de colons s’étendra, l’expulsion des Palestiniens de Jérusalem-Est se poursuivra, les 10 000 prisonniers palestiniens resteront en prison... Sans même parler du blocus de Gaza, largement oublié, et qui empêche toute reconstruction et réduit à la misère des centaines de milliers d’habitants...

Alain Gresh, Nouvelles d'Orient

12 juin 2009

Des groupes juifs proposent ‘‘d’aider’’ les Palestiniens à quitter Jérusalem

Une vidéo à voir (en anglais) sur la situation à Jérusalem-Est


Une organisation juive a distribué hier mercredi des tracts aux Palestiniens de Jérusalem-Est leur demandant de quitter la ville, et leur promettant une "aide financière". Le groupe cite le Coran et la Torah et affirme que ces citations prouvent que la « terre d'Israël est pour les Juifs et que les adeptes des autres religions doivent leur laisser cette terre. »                        

Les tracts citent également le "livre des prophètes" et déclare que « le peuple juif a été expulsé de sa patrie il y a 2000 ans, et que maintenant qu’il est revenu, comme promis, il est temps pour le peuple d'Israël de mettre en œuvre les ordres de Dieu. »

« Nous vous demandons de quitter la terre d’Israël, nous ne vous haïssons pas, nous ne voulons pas vous combattre parce que vous êtes musulmans, nous vous demandons de partir, selon la volonté de Dieu. »

Le groupe affirme qu’il aidera les Arabes à quitter le pays, et laisse un numéro de téléphone au bas du tract.

Certains Palestiniens, qui ont composé le numéro pour connaître l'identité de l'organisation, ont dit que l’interlocuteur a refusé de leur fournir toute identification, et qu’il a simplement dit qu'il « aimerait les rencontrer en personne pour leur offrir l'aide financière pour émigrer. »

Jamal Zahalka, député arabe à la Knesset, indique que ces groupes extrémistes disposent d’une puissante représentation à la Knesset et à la municipalité de Jérusalem.

Il ajoute que la politique israélienne à Jérusalem est une politique de racisme et de nettoyage ethnique, derrière le slogan de « la préservation de l'équilibre démographique ».

« Notre peuple à Jérusalem ne peut obtenir de permis de construire, et ses maisons sont démolies, » dit-il. « Ces politiques visent à pousser les Palestiniens à quitter la ville, à quitter leur patrie. »

Le député ajoute que « les appels au transfert des Arabes sont en augmentation jour après jour, et aujourd’hui, ils ont même une représentation au gouvernement, ». Il ajoute qu’Avigdor Lieberman au poste Ministre des Affaires étrangères d’Israël est la preuve que de tels appels ne sont pas marginaux, mais qu’ils représentent le courant central de toute la politique israélienne.

Zahalka affirme qu’Israël doit savoir qu’il ne peut pas forcer les Palestiniens et les Arabes à quitter Jérusalem, la Galilée et le Néguev.

« Ils ne peuvent pas nous forcer à partir ; après la Nakba, les Palestiniens ont réalisé qu’il n’y a pas de différence entre le transfert et la mort, entre la mort et le génocide, » a-t-il déclaré. « Les appels de ces groupes sont des appels à notre mort. »

Source: ISM

11 juin 2009

De la résistance: une réflexion de Jean Veyssière

Cette réflexion de Jean Veyssière me parait être une bonne introduction à cette catégorie consacrée aux résistances palestiniennes. Elle date de 2004 mais elle me semble toujours pertinente aujourd'hui.

Tenter de dire ce qu’est résister, devant un auditoire comprenant de nombreux Résistants, et non des moindres, c’est ne pas manquer d’audace pour un qui comme moi était tout juste encore trop petit garçon pour devoir s’engager dans le combat contre l’occupant nazi.

Je vais cependant m’y risquer, à partir de ce que je sais de la situation en Palestine occupée et à Gaza: il y a deux ans, parmi 30 grenoblois, je suis parti en mission civile là-bas. Et face à la guerre coloniale menée par Israël contre le peuple palestinien, j’ai repensé à la puissante formule de Mai Van Bo, dirigeant vietnamien, lors d’un congrès de solidarité à Grenoble en Juillet 1968 : "Nous n’avons d’autre choix que la servitude ou la victoire. Pour vaincre l’ennemi américain, il nous faut mener le combat sur trois fronts, la lutte armée sur le terrain, l’action diplomatique, le développement de la solidarité des peuples du monde entier". La cuisante défaite de l’armée américaine, en 1975, malgré B52, napalm, défoliants, massacres de civils, incendies  de villages…, a montré la justesse de cette intelligente et efficace stratégie de résistance sur « les trois fronts ».

N’est-elle pas la bonne stratégie, quel que soit l’oppresseur? Et les résistants à l’occupant nazi en-ont ils utilisé une autre?

Je vais répondre maintenant à trois interrogations, avant de conclure sur la résistance du peuple palestinien: qu’est-ce que résister ; pourquoi résister ; comment résister .

On peut dire, vite, que résister c’est refuser l’inacceptable et agir individuellement et collectivement avec son peuple (ou en solidarité avec un peuple en lutte, je pense aux brigades internationales en Espagne) pour  liquider cette situation intolérable. On peut dire cela bien mieux!

Pourquoi une femme/un homme entre-t’elle/entre-t’il  en résistance ouverte? Sans aucun doute parce qu’il ressent le  besoin irrépressible de faire respecter  sa dignité personnelle, qui se confond avec le respect du droit à la dignité de tout son  peuple opprimé. Parce que l’indépendance retrouvée, conquise, de son peuple, est seule de nature à lui permettre d’assumer sa propre liberté d’être humain.Vivre libre parmi les siens…Ce besoin de liberté  est si puissant qu’il conduit à jouer sa vie! A la donner généreusement. Là encore on peut dire bien mieux.

Comment agir avec le plus d’efficacité contre l’occupant, le colonisateur? Je réponds sans hésiter: par tous les moyens pacifiques, politiques, économiques, civiques, mais aussi par les armes  quand l’oppresseur ne laisse aucune autre voie ouverte, refuse de reconnaître le droit du peuple opprimé, occupé illégalement, colonisé: le droit à la lutte armée est reconnu à tout peuple en lutte pour son indépendance par la communauté internationale,  par les peuples du monde, par l‘ONU.

Mais l’exemple viet-namien l’a brillamment prouvé, la condition de la victoire finale  est de savoir combiner la lutte sur les trois fronts; ce qui revient à dire qu’il ne faut laisser aucun terrain à l’ennemi oppresseur, colonisateur ; surtout avec les moyens d’information et de désinformation actuels (de manipulations médiatiques ;on ne gagne plus  une guerre de libération  sans communiquer). Autrement dit la résistance ne doit en aucun cas donner « une arme médiatique » à l ‘ennemi si elle veut vaincre. Elle ne peut, à peine de défaite politique et morale, utiliser  les méthodes ignobles de l’oppresseur, si elle veut parvenir à l’isoler, y compris auprès du peuple de l’état oppresseur: sa fin étant juste, les moyens doivent être acceptables, reconnus  légitimes par l’opinion. J’ai essayé de répondre aux trois interrogations.

Pour conclure je reviendrai sur la guerre coloniale qu’Israel impose au peuple palestinien. Le peuple palestinien résiste, résistera, vaincra ou ne sera pas: "la victoire ou la servitude", comme le peuple vietnamien, comme le peule algérien. Il le sait. Je l’ai vu, aux checks points de Cisjordanie, à Gaza, ripostant par une dignité incroyable aux humiliations que lui impose l’armée d’occupation: Résistance!

Mais puisse ce noble peuple approuver ceux de plus en plus nombreux de ses dirigeants politiques, intellectuels, qui disent : "Intifada (Résistance) oui, par tous les moyens, sauf par le recours  aux attentats - suicides ou non - aveugles qui visent les civils israéliens .Le peuple israélien n’est pas notre ennemi, mais Sharon, son gouvernement, son armée coloniale. De nombreux israéliens sont acquis à notre lutte pour un état indépendant viable, vivant en paix à côté d’Israel." J’ajoute: pas de barbarie du côté des Résistants.

Oui, j’ose le dire: la Résistance s’arrête là où commence l’attentat terroriste aveugle, même si on lui attibue efficacité: pour des Résistants, non, la fin ne justifie pas les moyens! -à la différence des oppressurs- ; pour des raisons morales, mais aussi de véritable efficacité: il n’est pas difficile que de voir comment Sharon (avec son ami Bush) et les Sharonnards de par le monde utilisent, sur tous les médias,  chaque attentat en Israël pour pousser sa stratégie d’annexion de la Cisjordanie, bravant toutes les décisions de l’ONU et les règles les plus élémentaires du Droit International tentant d’anéantir l’espoir du peuple Résistant de voir enfin reconnaître son droit à un état indépendant et  viable, vivant en paix avec Israel; que d’observer combien ces attentats médiatisés permettent aux dirigeants européens, par exemple, de ne pas agir comme ils pourraient( et devraient) le faire, pour ramener Sharon au respect du DROIT INTERNATIONAL.

Résistance ? "Le combat sur les trois fronts". Ce  sera le mot de la fin.

Discours prononcé lors d'un débat organisé par l'ICD en mai 2004.

10 juin 2009

Jérusalem - 08-06-2009 VICTOIRE ! Veolia abandonne le projet de tramway à Jérusalem sous les pressions politiques

Enfin une première victoire géante et éclatante du mouvement mondial BDS dans le domaine de la responsabilité des entreprises et de la conformité éthique, Veolia abandonne le projet de tramway léger de Jérusalem, projet illégal qui vise à relier les colonies israéliennes construites sur le territoire palestinien occupé à la ville de Jérusalem.
                        

                                                                                                                                                                                     
                                                

















Février 2008, la construction du tramway colonial (photo Anne Paq/ActiveStills)


Comme l’admet l’article du Ha’aretz, le succès de la campagne BDS, qui a coûté à Veolia quelques 7 milliards de dollars de contrats, est à l'origine de la décision prise par la compagnie dans la tourmente de se retirer du projet.

Il est utile de mentionner que Le Monde a récemment publié un article qui révélait aux lecteurs français et, de façon cruciale, aux actionnaires de Veolia, que l’entreprise perdait de l’argent du fait de sa complicité dans un projet qui constitue une violation majeure du droit international, sinon un crime de guerre.

Cette grande victoire est le résultat d’années d’un travail difficile, éthique, méticuleux et tenace

des groupes français de solidarité (...) et du mouvement BDS français croissant, qui fut l’instrument de la perte d’un énorme contrat par Veolia à Bordeaux,

des militants hollandais qui obtinrent les premiers un succès en convainquant la Dutch Bank de désinvestir de Veolia et de faire pression sur d’autres banques pour qu’elles fassent de même,

des groupes suédois pour la justice et la paix, en particulier ceux qui sont en lien avec l’Eglise de Suède, dont Diakonia et les groupes de solidarité avec la Palestine suédois, qui coûtèrent à Veolia la perte du plus gros contract, celui du métro de Stockholm, d’un montant de 4,5 milliards de dollars,

des groupes et militants britanniques, en particulier ceux qui sont affiliés à Palestine Solidarity Campaign, qui ont énormément contribué à l’exclusion de Veolia d’un contrat lucratif dans les West Midlands,

et, bien sûr,

du Comité National Palestinien BDS, qui s’est associé avec tous les partenaires ci-dessus, dans la célèbre campagne « Faisons dérailler Veolia et Alstom » pour pousser l’entreprise à abandonner ce projet illégal.

La campagne « Faisons dérailler Veolia et Alstom », qui implique des militants et des groupes de nombreux pays, tous faisant pression sur les deux géants français pour qu’ils abandonnent le projet du Tramway Léger de Jérusalem (JLR), a été officiellement lancée lors de la conférence de l’Initiative de Bilbao, au Pays Basque, en novembre dernier.

Il est temps maintenant de faire pression sur l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Iran, les Etats du Golfe, parmi d’autres, pour foutre Alstom dehors de ce projet illégal. La solidarité avec la Palestine ne signifie rien si elle ne se traduit pas par des actions BDS qui coûtent cher au régime israélien d’occupation et d’apartheid.

Il est temps de faire DERAILLER ALSTOM !

Par Omar Barghouti pour BDS Movement
Traduction MR pour ISM


10 juin 2009

Rejoignez la marche contre l'apartheid

Georges Frêche, président de la Région Languedoc Roussillon vient de finaliser un accord commercial avec la société israélienne AGREXCO, spécialisée dans l’import-export de fruits, légumes et fleurs provenant des colonies israéliennes.

                                                                                                                                                                                     

Cet accord fera du port de Sète la plateforme qui écoulera ces produits dans toute l’Europe et fera ainsi d’Israël « le nouvel allié commercial de la Région ». La Région investira 200 millions d’euros dans ce projet tandis que les Israéliens investiront 30 millions d’euros !

Ce projet est intolérable ! Rappelons que 5 mois après le carnage de Gaza, la Cisjordanie est plus que jamais spoliée, violée et martyrisée par des centaines de milliers de colons qui volent les terres, s’accaparent des ressources en eau, détruisent des centaines de milliers d’Oliviers et brutalisent la population palestinienne qui vit dans un véritable cauchemar.

NOUS, DEFENSEUR DES DROITS DE L’HOMME, CITOYENS FRANÇAIS, CONTRIBUABLES DE LA REGION, CONSIDERONS CET ACCORD COMME UNE VERITABLE PROVOCATION !!!

DANS LE CADRE DE LA DYNAMIQUE DU BOYCOTT DES PRODUITS ISRAELIENS INITIEE PAR LES PALESTINIENS, NOUS, CITOYENS NIMOIS, LANÇONS UNE MARCHE PACIFIQUE ET NON VIOLENTE AFIN D’EXIGER L’ANNULATION DE L’ACCORD AVEC AGREXCO ET AFIN DE DENONCER L’APARTHEID QUE SUBIT LE PEUPLE
PALESTINIEN DEPUIS TANT D’ANNEES.

REJOIGNEZ LA MARCHE !

NOUS VOUS APPELLONS A NOUS REJOINDRE POUR CETTE MARCHE QUI PARTIRA DE LA MAIRIE DE NIMES LE MERCREDI 24 JUIN A 9H30.

LA MARCHE REJOINDRA LE LENDEMAIN LA MANIFESTATION A
MONTPELLIER CONTRE LE PROJET AGREXCO QUI PARTIRA DU CONSEIL REGIONAL A 18H.

NON, A L’IMPLANTATION DE L’ENTREPRISE ISRAELIENNE AGREXCO A SETE !!!

OUI, A LA FIN DE L’APARTHEID EN PALESTINE!!!

Appel lancé par le collectif résistance 30 sur le site de l'ISM

Blog de résistance 30

Contacts:
resistances30@gmail.com – 06 35 16 75 89 / 06 12 03 34 17

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